Sicile, Décadrachme, 405-367 av. JC
Syracuse - Œuvre signée - Évainète - Argent
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Aurige, tenant un kentron dans sa main droite tendue et les rênes dans sa main gauche, conduisant un quadrige galopant à gauche ; au-dessus, Nike volant à droite, couronnant l'aurige avec une couronne végétale tenue dans ses mains tendues ; sous la ligne d'exergue, trophée militaire composé d'un bouclier, de jambières, d'une cuirasse, casque attique à crête à droite, le tout relié par une lance horizontale ; [AΘΛA en dessous].
Tête d'Aréthuse à gauche, portant une couronne d'épis, une boucle d'oreille à triple pendants et un collier de perles à un rang ; ΣY-PA-KO-Σ-IΩN au-dessus entre ses mèches ; quatre dauphins nageant autour d'elle, [EY-AINE sous le dauphin situé sous la troncature de son cou].
Décadrachme de Syracuse frappé entre 405 et 367 av. J.-C. sous la tyrannie de Denys l'Ancien, aux coins gravés et signés par Évainète et de la plus haute rareté par son nombre de frappe, dans les ventes et par sa dénomination. Une partie des monnaies de Syracuse présente l'exceptionnelle particularité d'avoir été frappée avec des coins signés par leur graveur, fait extrêmement rare pour l'époque. En Sicile et notamment à Syracuse, deux graveurs sont connus : Kimôn et Évainète (Euainetos en grec). Notre exemplaire a été gravé par ce dernier dont la signature est située, pour ce type, en dessous du dauphin et de la troncature du cou d'Aréthuse. Le flan de notre exemplaire est court et ne laisse donc pas apparaître son nom. Néanmoins, l'étude de coins réalisée par Albert Gallatin en 1930 nous permet d'attester sa présence. Toujours d'après l’auteur, la combinaison de coins utilisée pour notre monnaie est R.IV/C.VII. Notons qu'il a choisi de mettre le portrait d'Aréthuse (C.VII) au droit et le quadrige (R.IV) au revers, ordre que nous ne suivrons pas dans notre analyse. Le coin de droit - R.IV - est usé mais reconnaissable à sa cassure oblique qui s'étend à gauche du museau des chevaux jusqu'à la ligne d'exergue. De la même manière, le coin de revers - C.VII - présente des cassures sur le visage d'Aréthuse en forme de ligne. L'une part de son front et descend jusqu'à son nez tandis que l'autre, plus légère, se trouve sur le bas de ses cheveux et sur sa nuque. Une troisième cassure de coin, plus imposante, est située entre la troncature de son cou et le dauphin. L'ethnique, que l'on voit au sommet de son crâne entre les mèches de sa chevelure, nous permet également d'identifier les matrices utilisées grâce à sa décomposition et au placement des lettres. La combinaison de ces coins est connue en 1930 à 11 exemplaires dont la majorité est en collection publique ou privée (musées de Berlin, Cambridge, collections d’un parisien, Feuardent, Newell et Van Kaufman). Quatre seulement ont été vus en ventes ces vingt dernières années ! Le coin de droit (quadrige) est associé à sept coins de revers (Aréthuse) tandis que notre coin de revers n'est associé qu'à deux coins de droit : il est donc rare ! Au-delà de la signature, les gravures réalisées par Évainète et son atelier sont reconnaissables au style. D'une beauté remarquable, il est reconnu comme un véritable chef-d'œuvre de l'Antiquité, ce qui confère aux monnaies frappées à l’aide de ces matrices une grande popularité et une forte valeur auprès des collectionneurs. Le visage d'Aréthuse est d'une grande sérénité et possède des traits fins et agréables. La boucle d'oreille et le collier viennent sublimer son visage tandis que ses cheveux, réalistes, sont composés de mèches et de boucles volumineuses dont certaines volent au vent. Sans filet, elle est couronnée d'épis, éléments caractéristiques du style d'Évainète. Cette douceur des traits est également visible sur les dauphins. Sur les quatre, un seul - celui derrière la nuque d’Aréthuse - est entièrement visible. Les trois autres, situés à 6h, 8h et 10h, ne se distinguent que par de petits éléments en bord de flan. Le dauphin visible est gracieux et présente un volume intéressant, nous donnant l'impression qu'à tout moment, il pourra s'éveiller et nager dans la surface de notre monnaie. A contrario, le droit est empli de dynamisme et de fougue. Les chevaux du quadrige ont leurs pattes levées et pliées, ils sont représentés en pleine course. Elles ne touchent pas le sol et la queue de l'un d'entre eux, pratiquement à l'horizontale, vole au vent. L'aurige est lui aussi dans une position dynamique : il est penché vers l'avant, tend son bras tandis qu'il tient les rênes d'une main ferme. Nike est représentée en plein mouvement, portée dans les airs. Le drapé de son vêtement souligne la dynamique de son corps en action. Ses ailes largement déployées et ses bras tendus traduisent l’instant précis où elle s’apprête à couronner l’aurige. Le graveur semble avoir capturé un instant précis et figé dans le temps : celui qui précède la victoire de l'aurige. Le contraste entre les deux faces du décadrachme est donc saisissant. Évainète et son atelier ont travaillé à partir des dernières années du Ve s. av. J.-C. et ont continué leur œuvre jusqu'à la mort de Dionysos II - dit Denys le Jeune - fils de Dionysos Ier, en 343 av. J.-C. L'émission d'un tel module avec cette iconographie est donc intimement liée au contexte historique de sa frappe. Denys l'Ancien (v. 467 av. J.-C. - 361 av. J.-C.) devient stratège de Syracuse après avoir fait destituer, d'abord ses prédécesseurs, puis ses collègues, alors que la cité est en conflit avec les Carthaginois. Profitant d'une épidémie de peste, il conclut une trêve avec eux et en profite pour construire une immense enceinte protectrice de 27km autour de Syracuse ainsi que le château d'Euryale, sa résidence. Il développe également l'armée, assure son pouvoir et fait appel aux poliorcètes - des stratèges spécialistes des sièges - qui améliorent et construisent alors de nouveaux engins dédiés à cet effet. Syracuse restera en guerre contre Carthage pendant toute la durée de sa tyrannie - n'ayant que quelques rares moments de paix -. C'est également à cette période que Syracuse connaît son apogée. Elle est la plus importante cité de Grande Grèce et l'une des plus peuplées du monde grec. Ces innovations et changements majeurs sont autant de raisons possibles pour lesquelles Denys l'Ancien aurait fait frapper des décadrachmes, importante dénomination très rarement rencontrée. Ils auraient eu pour but de faciliter le paiement de ces projets aux coûts certainement colossaux. Syracuse n'est pas seulement en conflit avec Carthage mais également avec Athènes. Alliée de Sparte, Syracuse subit les effets de la Guerre du Péloponnèse. Ségeste, en conflit avec Sélinonte alors alliée de Syracuse, demande l'aide aux Athéniens qui envoient alors une expédition en 415 av. J.-C.. S'ensuit le siège de Syracuse qui se solde en 413 av. J.-C. par le "désastre de l'Asinaro", une cuisante défaite d'Athènes, vaincue par les alliés Spartiates de Syracuse menés par Gyllipos. Pour célébrer cette victoire, des monnaies sont frappées et des festivités organisées. Selon cette interprétation, l’aurige figurant sur le droit s’apprêterait ainsi à remporter une course tenue lors des jeux honorant le triomphe syracusain. De la même manière, l'exergue est intimement liée à la victoire et à la guerre. D’une part, on retrouve un trophée militaire. Il s'agit d'un support sur lequel est posé l'équipement militaire pris aux ennemis vaincus pour témoigner de son succès. Ici, le casque est attique et le bouclier, rond, est l'hoplon utilisé par les hoplites. D'autre part, le droit de notre type comporte la légende "AΘΛA" (athla) qui renvoie au lexique du combat et de la lutte. Il est hors-champ sur notre monnaie en raison du flan court. L’émission de notre décadrachme est certainement une opportunité pour célébrer les victoires militaires de Syracuse, plus particulièrement sur Athènes et dans une moindre mesure sur Carthage. Décadrachme absolument remarquable par sa dénomination, la signature de l'artiste et sa rareté, il est élevé au rang de chef-d'œuvre artistique grâce à sa beauté et son raffinement. Extrêmement populaire, recherché et véritable témoin du contexte historique de sa frappe, il est un bien très précieux à acquérir absolument ! Gallatin, coins R.IV/C.VII ; R.Scavino 14 (D5/R5) ; Dewing 883 (mêmes coins) ; HGC 2-1299 (mêmes coins) ; Gulbenkian 313 (mêmes coins) ; SNG ANS 365 (mêmes coins) ; SNG Lloyd 1412 (mêmes coins) Collection Rhousopoulos (Hirsch, XIII, 428) (mêmes coins). Pozzi pl. XX, 616 (même coin de droit) et BMC Sicily 175-178 var. (coin avec le quadrige identique). Collection Faune d'Argent.
[AΘΛA]
ΣY-PA-KO-Σ-IΩN // [EY-AINE]
42 gr
De l’argent
L’argent peut se glisser dans la poche mais également entre le cuivre et l’or dans le groupe 11 de la classification périodique. Trois métaux fréquemment utilisés pour la frappe de monnaie. Deux raisons à cela pour l’argent : c’est un métal précieux et il s’oxyde peu à l’air. Deux avantages non négligeables.
Voici un métal qui ne manque pas d’air, donc.
Son nom en français nous vient du mot Argyros (Ἀργυρός), argent en grec ancien. L’argent est d’aspect blanc et brillant et, pour ajouter un peu d’ésotérisme ou de polythéisme à l’affaire, il est traditionnellement dédié à la lune ou à la déesse Artémis (Diane chez les romains).
En tant que métal précieux, au même titre que l’or, l’argent est utilisé pour la frappe de monnaies à valeur intrinsèque, c'est-à-dire dont la valeur est constituée par le métal dont elles sont faites. Il est à noter qu’on adjoint fréquemment à l’argent, au naturel trop malléable (on ne peut posséder toutes les qualités) et qui s’userait donc trop rapidement, de petites quantités de métaux autres qui viennent le durcir.
Les premières monnaies en argent remontent probablement à la fin du VIIe av. J.-C. sur l'île d'Égine. Ces oboles sont reconnaissables grâce à la tortue figurant sur l’avers.
La patine de l’argent va du gris au noir.
Le titre (ou aloi) au millième d’une monnaie vous indiquera la proportion exacte (en pour mille) d’argent entrant dans sa composition. On parle ainsi par exemple d’argent à 999‰, soit 999 parts d’argent pour 1 part d’autres métaux. Cette mesure est importante pour les monnaies d’investissement comme les bullions. En France, jusqu’en 1995, cette mesure s’énonçait en carat.
Une qualité “TTB”
Car en numismatique, l’état de conservation d’un article se doit d’être soigneusement évalué avant d’être proposé au collectionneur avisé à l'œil aiguisé.
Et au-delà de ce sigle de prime abord obscur, en trois mots, l’état de conservation est ici clairement énoncé :
Très Très Beau
Ce qui signifie - plus prosaïquement - que la pièce de monnaie a bien circulé de main en main et de poche en poche, mais que l’impact sur son usure reste limité : type et légendes sont parfaitement lisibles et le relief de la gravure est, quant à lui, clairement visible. A l'œil nu, on peut constater des traces de rayures ou de chocs.
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